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Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 11.djvu/198

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II

Le duc de Brunswick ne cherchait qu’un prétexte pour ouvrir des conférences avec le quartier général français. Tant qu’il avait été derrière l’Argonne, à dix lieues de Grandpré, ce prétexte ne se présenta pas naturellement. Le roi de Prusse aurait vu une lâcheté ou une trahison dans ces avances. Ce fut un des motifs qui déterminèrent le due de Brunswick à passer l’Argonne et à se trouver face à face avec Dumouriez. Ce fut sans doute aussi le motif secret pour lequel le généralissime, après un si grand développement de forces et tant de démonstrations vaines au camp de la Lune, n’aborda cependant pas l’armée française à l’arme blanche, n’engagea qu’une canonnade au lieu de livrer une bataille complète, et se retira le soir dans ses lignes en laissant tout indécis. Le combat de Valmy, dans la pensée du duc de Brunswick, n’était qu’une négociation à coups de canon. À ses yeux, Dumouriez tenait le sort de la Révolution française dans ses mains. Il ne pouvait croire que ce général voulût servir d’instrument aveugle aux fureurs d’une démocratie anarchique.

« Il mettra le poids de son épée, disait-il à ses confidents, du côté d’une monarchie constitutionnelle et tempérée. Il se retournera contre les geôliers de son roi et contre les égorgeurs de septembre. Gardien des frontières de son pays, il n’aura qu’à menacer de les ouvrir à la coalition,