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Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 11.djvu/227

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tion est le sacre du peuple pour ces magistratures, délégations révocables de sa volonté. Elle élève et elle dépose sans cesse. Nul citoyen n’est plus souverain que l’autre. Tous le sont dans la proportion du droit, de la capacité, de l’intérêt qu’ils ont dans l’association commune. Les influences, toutes personnelles et toutes viagères, ne sont que le libre acquiescement de la raison publique aux mérites, aux lumières, aux vertus des citoyens. Les supériorités de la nature, de l’instruction, de la fortune, du dévouement, constatées par le choix mutuel des citoyens entre eux, font monter sans cesse et par un mouvement spontané les plus dignes au gouvernement. Mais ces supériorités, qui se légitiment par leurs services, ne menacent jamais le gouvernement de dégénérer en tyrannie. Elles disparaissent avec ces services mêmes, elles rentrent à termes fixes dans les rangs des simples citoyens, elles s’évanouissent avec la vie des favoris du peuple, et font place à d’autres supériorités qui le serviront à leur tour. C’est la force vraie du pouvoir social appartenant non à quelques-uns, mais à tous ; sortant sans interruption de sa seule source, le peuple, et y rentrant toujours inaliénable, pour en ressortir éternellement à sa volonté. C’est la rotation du gouvernement calquée sur cette rotation perpétuelle des générations qui ne s’arrête jamais, qui n’inféode pas l’avenir au passé, qui n’immobilise ni la souveraineté, ni la loi, ni la raison ; mais qui, à l’exemple de la nature, dure en se renouvelant.

» La royauté, c’est le gouvernement fait à l’image de Dieu : c’est le rêve. La république est le gouvernement fait à l’image de l’homme : c’est la réalité politique.

» Mais si la forme républicaine est la raison, elle est