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Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 11.djvu/252

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VII

De pareils discours consolaient un instant les gens de bien, mais n’intimidaient pas les hommes de sang. Les Girondins avaient pour eux la raison, l’éloquence, la majorité dans l’Assemblée. Les Jacobins seuls avaient un pouvoir organisé dans les comités de l’hôtel de ville, et une force armée dans les sections pour exécuter leurs pensées. Les meilleurs sentiments des Girondins s’évaporaient après avoir retenti en magnifiques paroles. Les volontés des Jacobins devenaient des actes le lendemain du jour où elles étaient conçues. Ils avaient continué à braver impunément l’Assemblée. Leurs journaux et leurs orateurs demandaient un second 10 août contre Roland et ses amis. Collot-d’Herbois aspirait ouvertement à le remplacer au ministère de l’intérieur et fomentait les haines populaires contre lui. Pache, Suisse de nation, fils d’un concierge d’hôtel à Paris, protégé de Roland, élevé par lui jusqu’au ministère de la guerre, l’abandonna dès que Roland ne fut plus utile à sa fortune et passa dans les rangs de ses ennemis.

Dans la pensée de Roland et de Vergniaud, ce règne violent et anarchique de l’insurrection, sous le nom de commune, devait cesser de lui-même le jour où une Convention nationale centraliserait la volonté publique et retirerait à soi les pouvoirs un moment dérobés au peuple par les factieux et les proscripteurs.