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Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 11.djvu/270

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décrets et promulgué ses volontés, comme orateur de plusieurs députations, à la barre de l’Assemblée législative. Convaincu que l’heure de la république avait enfin sonné, et que s’arrêter dans l’indécision c’était s’arrêter dans l’anarchie, Robespierre avait accepté la république et violenté de paroles les Girondins pour leur arracher le gouvernement et pour le remettre au peuple de Paris. Jusqu’au 2 septembre, il s’était confondu ainsi à l’hôtel de ville avec les directeurs du mouvement de la commune et avec les dictateurs de Paris. Mais le jour où Danton et Marat avaient organisé le meurtre et régularisé l’assassinat, soit prévoyance du juste retour de l’indignation publique, soit horreur du sang alors, Robespierre avait cessé de paraître à la commune. À dater du 2 septembre, il n’y siégea plus. On a vu en quels termes il témoigna à Saint-Just le soulèvement de son âme contre ces immolations en masse. Elles lui répugnaient tellement dans ces premiers temps, qu’il ne voulut à aucun prix être confondu avec ses collègues de la commune, de peur qu’une tache du sang de septembre ne rejaillît sur lui.

À mesure que ces proscriptions, contemplées de sang-froid, paraissaient plus odieuses, Robespierre paraissait plus pur. On lui tenait compte de son inaction. On lui savait gré de n’avoir pas ensanglanté son caractère, et d’avoir voulu conserver à la cause du peuple le prestige de la justice et de l’humanité. La réaction de l’opinion contre les journées de septembre rejetait à lui tous les partis extrêmes, mais non pervers.

Le jour de la première séance de la Convention, il était encore l’homme incorruptible de la Révolution, incorruptible au sang comme à l’or. Son nom dominait tout. La