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Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 11.djvu/280

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soulève le rideau ; quand les hommes que je signale m’auront fourni assez de traits de lumière pour les bien voir et pour les montrer à la France, je viendrai les démasquer à cette tribune, dussé-je en descendant tomber sous leurs coups ! Je serai vengé. La puissance nationale, qui a foudroyé Louis XVI, foudroiera tous ces hommes avides de domination et de sang. »

Un immense applaudissement couvrit ces paroles. L’énergie de Lasource semblait avoir rendu la respiration à l’Assemblée. Rebecqui nomma Robespierre. « Voilà, s’écria-t-il, le parti, voilà l’homme que je vous dénonce ! »

Danton, qui se sentait encore assez d’appui sur les deux côtés de la Convention pour se tenir en équilibre et s’interposer comme un terrible médiateur, demanda la parole.

« C’est un beau jour pour la nation, dit-il, c’est un beau jour pour la république, que celui qui amène entre nous une explication fraternelle. S’il y a des coupables, s’il existe un homme pervers qui veuille dominer despotiquement les représentants du peuple, sa tête tombera aussitôt qu’il sera démasqué. Cette imputation ne doit pas être une imputation vague et indéterminée. Celui qui la fait doit la signer. Je la ferai, moi, dût-elle faire tomber la tête de mon meilleur ami. Je ne défends pas en masse la députation de Paris, je ne réponds pour personne. (Il indique d’un regard dédaigneux le banc de Marat.) Je ne vous parlerai que de moi. Je suis prêt à vous retracer le tableau de ma vie publique. Depuis trois ans, j’ai fait ce que j’ai cru devoir faire pour la liberté. Pendant la durée de mon ministère, j’ai employé toute la vigueur de mon caractère et toute l’activité d’un citoyen embrasé de l’amour de son pays. S’il y a quelqu’un qui puisse m’accuser à cet égard, qu’il se lève