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Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 11.djvu/304

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Roland, Danton, Servan, offraient leur démission, à moins qu’une invitation formelle et explicite de la nouvelle Assemblée ne retrempât leur force en légitimant leur autorité.

La discussion s’ouvrit sur ce point. Buzot, organe de Roland, demanda que la Convention déchargeât Servan, ministre de la guerre, de ses fonctions, que la maladie l’empêchait de remplir : « Je prierais Danton de rester à son poste, s’il n’avait pas déclaré trois fois qu’il voulait se retirer. Nous avons le droit de l’inviter, nous n’avons pas le droit de le contraindre. Quant à Roland, c’est une étrange politique que de ne vouloir pas rendre justice, je ne dirai pas aux grands hommes, mais aux hommes vertueux qui ont mérité la confiance. On nous dit : « Les hommes vertueux et capables ne nous manquent pas. » Étranger à ce pays de vertus et d’intrigues, j’interroge mes collègues et je leur demande : « Où sont-ils ? » Malgré les murmures, les calomnies, les menaces, je suis fier de le dire, Roland est mon ami ; je le connais homme de bien, tous les départements le connaissent comme moi. Si Roland reste, c’est un sacrifice qu’il fait à la chose publique ; car il renonce ainsi à l’honneur de siéger comme député parmi vous. S’il ne reste pas, il perd l’estime des hommes de bien. La nation ne connaît pas vos haines ; elle dit aux hommes de bien : « Continuez de me servir, et vous aurez toujours mon estime. » — Je demande, dit Philippeaux, qu’on étende l’invitation à Danton. — Je déclare, répond Danton, que je me refuse à une invitation, parce que je crois qu’une invitation n’est pas de la dignité de la Convention. — Et moi, reprend Barère, je m’oppose à toute démarche de la Convention pour retenir les ministres. Elle serait contraire à la majesté et à la liberté du peuple. Rappelez-vous le mot