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Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 11.djvu/314

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fête triomphale que madame Simons-Candeille, l’amie de Vergniaud et des Girondins, donnait au vainqueur de Valmy. Marat, interrompant brusquement la fête au moment où la musique, le festin, la danse, enivraient tous les conviés, au nombre desquels était Danton, s’approcha de Dumouriez et l’interpella du ton d’un juge qui interroge un accusé sur l’excès de pouvoir qu’on lui reprochait envers des patriotes éprouvés. Dumouriez dédaigna de répondre ; mais abaissant un regard de curiosité méprisante sur la personne et sur le costume de Marat : « Ah ! c’est vous, lui dit-il avec un accent et un sourire d’insolence militaire, c’est vous qu’on appelle Marat, je n’ai rien à vous dire. » Et il lui tourna le dos. Marat se retira plein de rage à travers les ricanements et les chuchotements de ses ennemis. Le lendemain il s’en vengeait dans le journal de la république qu’il rédigeait alors.

« N’est-il pas humiliant pour des législateurs, écrivait-il, d’aller chercher chez des courtisanes le généralissime de la république, et de le trouver là entouré d’aides de camp dignes de lui : l’un, ce Westermann, capable de tous les forfaits, pourvu qu’on les lui paye ; l’autre, ce Saint-Georges, spadassin en titre du duc d’Orléans ! »

Louvet et Gorsas lui répondirent sur le même ton dans les journaux girondins la Sentinelle et le Courrier des Départements : « Comme il est démontré que la nation te regarde comme un reptile venimeux et comme un maniaque sanguinaire, lui dit ironiquement Gorsas, continue d’ameuter le peuple contre la Convention ! Continue de dire qu’il faut que les députés soient lapidés et les lois faites à coups de pierres ! Continue à demander que les tribunes soient rapprochées de l’enceinte, afin que ton peuple ait les re-