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Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 11.djvu/333

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conseil général de la commune ! Dès lors je compris que ce conseil était destiné à régner !

» Robespierre, vous savez, s’attribue l’honneur de cette journée du 10 août. La révolution du 10 août est l’ouvrage de tous. Elle appartient aux faubourgs qui se sont levés tout entiers, à ces braves fédérés que, dans le temps, il n’avait pas tenu à certains hommes qu’on ne reçût pas à Paris. Elle appartient à ces courageux députés qui, là même, au bruit des décharges de l’artillerie, votèrent le décret de suspension de Louis XVI. Elle appartient aux généreux guerriers de Brest et à l’intrépidité des enfants de la fière Marseille. Mais celle du 2 septembre… conjurés barbares ! elle est à vous, elle n’est qu’à vous. (Mouvement d’horreur.)

» Eux-mêmes s’en glorifient, eux-mêmes avec un mépris féroce ne nous désignent que comme les patriotes du 10 août, se réservant le titre de patriotes du 2 septembre. Ah ! qu’elle reste, cette distinction digne, en effet, de l’espèce de courage qui leur est propre ! qu’elle reste, et pour notre justification durable et pour leur long opprobre ! Ce peuple de Paris sait combattre et ne sait pas assassiner. Il était tout entier aux Tuileries, dans la magnifique journée du 10 août ; il est faux qu’on le vit aux prisons dans l’horrible journée du 2 septembre. Combien y avait-il d’égorgeurs dans les prisons ? Pas deux cents. Combien de spectateurs au dehors ? Pas le double. Interrogez Pétion, il vous l’attestera lui-même. Pourquoi ne les a-t-on pas empêchés ? Parce que Roland parlait en vain ! parce que le ministre de la justice, Danton, ne parlait pas !… parce que Santerre, commandant des sections, attendait !… parce que des officiers municipaux en écharpe présidaient à ces exécutions !…