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Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 11.djvu/349

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de septembre, où le peuple pervers comme les rois voulut aussi faire sa Saint-Barthélemy. Qui le sait mieux que moi ? Monté sur des monceaux de cadavres, je prêchai le respect pour la loi. »

Collot-d’Herbois justifie les massacres. Barère les excuse. Étonné déjà de l’ivresse populaire qui s’attache à Robespierre, dédaigné par lui le matin : « Citoyens, dit-il, et moi aussi, dans le discours que j’avais préparé sur Robespierre, j’émettais une opinion aussi politique et aussi révolutionnaire que Collot-d’Herbois. Cette journée, disais-je, présente un crime aux yeux de l’homme vulgaire ; aux yeux de l’homme d’État, elle a deux grands effets : elle fait disparaître les conspirateurs que la loi ne pouvait atteindre ; elle anéantit le feuillantisme, le royalisme, l’aristocratie. » Ce repentir de Barère fut à peine accueilli. Il ne retrouva pas ce jour-là la popularité qu’il allait chercher jusque dans le sang répandu par d’autres mains.

Fabre d’Églantine accusa les Girondins de vouloir transporter le siége de la représentation nationale ailleurs qu’à Paris. « J’ai vu de mes yeux, dit-il, dans le jardin du ministère des affaires étrangères, le ministre Roland, pâle, abattu, la tête appuyée contre un arbre, demandant avec instance que la Convention fût transférée à Tours, à Blois. J’ai vu ces mêmes hommes qui s’acharnent aujourd’hui contre le 2 septembre venir chez Danton et témoigner leur joie au récit de ces meurtres. L’un d’entre eux même (il indiquait Brissot, ennemi du libelliste Morande) désirait que Morande fût immolé. Danton seul montra dans ces journées la plus grande énergie de caractère. Seul il ne désespéra pas du salut de la patrie. En frappant du pied la terre, il en fit sortir des milliers de soldats. »