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Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 11.djvu/354

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Danton les façonne à la politique, Marat les apprivoise aux forfaits. Ils négocient avec l’Europe ; ils ont des émissaires dans les cours. J’en ai des preuves. Ils ont englouti un trône dans le sang, ils veulent faire sortir d’un nouveau sang un nouveau trône. Ils savent que le côté de la Convention où sont toutes les vertus est aussi le côté où sont tous les républicains. Ils nous accusent de royalisme, pour déchaîner sous ce prétexte contre nous les fureurs de la multitude. Le côté droit tout entier doit être égorgé. D’Orléans montera sur le trône. Marat, Robespierre et Danton l’assassineront. Voilà les triumvirs ! Danton, le plus habile et le plus scélérat des trois, se défera de ses collègues et dominera seul ; d’abord dictateur, et bientôt roi !… »

» J’étais stupéfait de la crédulité d’un tel homme. « Pense-t-on donc ces choses-là parmi vos amis ? dis-je à Salles. — Tous ou presque tous, répondit-il. Condorcet doute encore, Sieyès s’ouvre peu, Roland voit la vérité. Tous sentent la nécessité de prévenir ces crimes et ces malheurs. » J’essayai de dissuader Salles. La haine et la peur aveuglaient les deux partis. »


XVIII

Vergniaud seul, plus calme parce qu’il était plus fort, conservait le sang-froid de l’impartialité au milieu des pré-