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Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 11.djvu/407

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ressentiments, de la décence à la haine. Manuel et Pétion, hommes de pensées républicaines, voyaient dans Louis XVI un principe à proscrire, mais un homme à épargner ; dans la reine, dans les princesses, dans le Dauphin, des femmes, des enfants, victimes d’une vicissitude des choses humaines, que le peuple devait plaindre et soutenir plutôt que broyer dans leur chute. Ils eurent avec le roi un entretien secret, dans lequel, tout en confessant la république, ils ne désavouèrent ni l’intérêt pour ses malheurs, ni l’espoir de voir ses jours préservés par l’apaisement des craintes publiques après la victoire et la paix. Louis XVI et la reine elle-même, frappés par la terreur de septembre, parurent comprendre que leur vie était plus dans la main du peuple que dans l’armée des rois coalisés ; ils joignirent leurs vœux à ceux des républicains humains et modérés pour une prompte évacuation du territoire. Le roi demanda que Pétion lui fît délivrer une somme en numéraire pour ses besoins personnels et pour ceux de sa famille. Pétion lui envoya cent Jouis, aumône de la république au souverain tombé dans l’indigence. On dressa une liste des objets nécessaires à la famille royale en linge, meubles, vêtements, chauffage, aliments, livres, et il fut pourvu, aux frais de la commune et par l’entremise de ses commissaires, à ces dépenses, dans une proportion convenable, non aux besoins d’une famille, mais aux respects dus à la grandeur déchue.