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Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 11.djvu/423

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son aïeul, et la fierté autrichienne de Marie-Thérèse. Les yeux bleu de mer, le nez d’aigle, les narines relevées, la bouche fendue, les lèvres bombées, le front large du haut, étroit vers les tempes ; les cheveux blonds, séparés en deux ondes au sommet de la tête et jouant en boucles sur ses deux épaules et jusque sur ses bras, retraçaient sa mère avant les années de larmes. Toute la beauté de sa double race semblait refleurir dans ce dernier rejeton.


XXIII

À midi on venait chercher la famille royale pour qu’elle respirât l’air du jardin. Quel que fût le froid, le soleil ou la pluie, les prisonniers descendaient. Ils accomplissaient cette promenade, sous les regards et sous les outrages, comme un des plus rigoureux devoirs de leur captivité. L’exercice violent dans ces cours, les jeux de l’enfant avec sa sœur dans l’intérieur de l’appartement, la vie régulière et sobre, les études familières et douces entre les genoux de son père, les tendres soins de ces trois femmes, lui conservaient l’ardeur de vie et la fraîcheur de teint de l’enfance. L’air de la prison le caressait jusque-là autant que l’air des forêts de Saint-Cloud. Les regards de la reine et du roi se rencontraient et se consolaient sur cette tête, où la rigueur des hommes n’empêchait pas la nature de croître et de s’embellir tous les jours.

La princesse royale touchait déjà à l’âge où la jeune fille