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Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 11.djvu/453

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qui n’avait plus besoin de complices, commençait à s’inquiéter de compter un Bourbon dans son sein. Trop voisin du trône pour qu’elle pût s’en servir sans danger, trop fidèle à la Révolution pour qu’elle osât l’accuser, elle le couvrait d’une tolérance qui ressemblait à l’oubli. Elle voulait l’effacer ; il voulait s’effacer lui-même. Mais son nom trop éclatant le dénonçait à l’attention de la république. C’était le seul crime dont sa prostration devant le peuple ne pût l’absoudre. Ce nom, quoique répudié, l’écrasait. La France et l’Europe attentives se demandaient comment son patriotisme subirait la terrible épreuve du procès de son parent et de son roi. La nature le récusait, l’opinion lui demandait une tête. On tremblait de dire qui triompherait, de la nature ou de l’opinion.


VIII

Au même moment, Paris et les départements, menacés de la famine, s’agitaient par l’effet de la panique plus encore que par la réalité de la disette. Le discrédit où étaient tombés les assignats, monnaie de papier, idéale comme la confiance, faisait resserrer les blés ; le resserrement des blés amenait la violation des marchés et des domiciles. Toutes les petites villes autour de Paris, ce grenier de la France, étaient dans une perpétuelle sédition. Les commissaires de la Convention envoyés sur les lieux étaient injuriés, menacés, chassés. Le peuple leur redemandait du