Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 16.djvu/170

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Elle retomba faible au pied noir des murailles.
« Oh ! par les fruits vivants ou morts de vos entrailles,
Dit-elle en élevant encore un peu la voix,
Par l’eau que vous buvez, par les pleurs que je bois,
Passez-moi les agneaux par l’étroite ouverture,
Que je leur donne encore un jour leur nourriture.
Le lait de ma mamelle à leurs cris monte et sort,
Il coulera peut-être encore après ma mort ;
Oh ! ne m’enviez pas cette joie éphémère :
Laissez-les dans mes bras expirer sur leur mère ;
Au lieu des lionceaux, ce sera le vautour
Qui viendra dépecer leurs membres dans ma tour !… »
Et les femmes, pensant au jour où l’on enfante,
Glissèrent en pleurant les petits dans la fente ;
Daïdha les reçut en élevant la main,
Et la nuit descendit noire sur le chemin.