Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 16.djvu/225

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Comment vers l’Orient, aux tentes de ses pères,
Tous les hommes, égaux, étaient amis et frères ;
Comment leur Dieu sans nom, un, immatériel,
Ne parlait qu’à l’esprit, n’habitait que le ciel ;
Comment, quoique ici-bas nommé par des paroles,
Ses rites les plus purs n’étaient que des symboles ;
Qu’aucun nom ne pouvait jamais le contenir ;
Que c’était l’outrager que de le définir ;
Que sa justice était sans foudre et sans colère ;
Et son unique encens le bien fait pour lui plaire !


» À ces saints souvenirs ensemble nous pleurions,
Après des jours meilleurs tout bas nous soupirions ;
Nous disions que ce crime et cette tyrannie,
Ce règne du mensonge et de la zizanie
Sans doute sur la terre était près de finir ;
Que nous verrions bientôt des temps plus saints venir,
Ou que le Dieu d’en haut, rassasié d’outrage,
Pour le rectifier briserait son ouvrage !
Puis, pour hâter des vœux l’aube des jours meilleurs,
Nous versions devant lui nos âmes dans nos pleurs !
Et du fond gémissant de cette mer de fanges
Deux prières montaient et consolaient les anges.


» Quand ma mère sentit son heure s’approcher,
Dans le lit de sa tombe avant de se coucher,
Son geste m’indiqua, sous sa natte de paille,
Une pierre scellée au pied de la muraille.