Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 16.djvu/38

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Car dans cette mémoire où Dieu les fit rouler
Elles n’ont plus, hélas ! qu’un instant à couler :
Celui qui vous amène à mes dernières veilles
Veut que ma vieille voix meure dans vos oreilles.
J’ai vu ma dernière heure avec vous s’approcher,
Je vais laisser bientôt ma dépouille au rocher :
Pressez l’heure fuyante où Dieu me laisse vivre ;
Lisez avant qu’un doigt ait déchiré le livre
Des secrets de la terre ; il est partout écrit.
Parlez : où voulez-vous que j’ouvre mon esprit ?
— Que le souffle divin, dis je, l’ouvre lui-même :
Qui suis-je pour parler devant la voix suprême ?
— Eh bien ! répondit-il, mon fils, recueillons-nous ;
Mettez entre vos doigts le front sur vos genoux :
Quand vous relèverez de vos mains votre tête,
La mort aura scellé les lèvres du prophète. »


Et trois jours à ses pieds nous restâmes assis.
Ceci fut le second de ses douze récits.