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Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 2.djvu/117

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Partout où l’homme enfin n’a point gravé ses pas,
Harold aussi t’entend…, mais ne te comprend pas !


XXIV


Son vaisseau lentement flotte en longeant la plage.
Mais quel chant solennel s’élève du rivage ?
Quel immense cortége, en blancs habits de deuil,
De colline en colline et d’écueil en écueil,
Comme un troupeau lointain que le berger ramène,
Par ses prêtres conduit, serpente dans la plaine !
Quel deuil semble peser sur leurs fronts affligés ?
De quels pieux fardeaux leurs bras sont-ils chargés ?
Avec quel saint respect sur l’herbe ils les déposent,
Et, fléchissant leurs fronts, de larmes les arrosent !
Approchons… De plus près le vent, soufflant du bord,
Aux oreilles d’Harold porte un hymne de mort.
Il frémit, mais son cœur dédaigne un vain présage,
Et bientôt son esquif l’a jeté sur la plage :
À la foule attentive il se mêle au hasard.
Quel spectacle, grands dieux ! vient frapper son regard !

Auprès d’un simple autel, formé d’un cippe antique
Qui du temple écroulé jonchait le vieux portique,
Trois fois douze cercueils, avec ordre rangés,
De palmes, de cyprès, de narcisse ombragés,
Formaient autour du prêtre une funèbre enceinte,
Où les diacres chantaient et répandaient l’eau sainte.
Harold, en contemplant ces pompes du trépas,
Croit compter des guerriers tombés dans les combats,