Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 2.djvu/140

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Et, nouant en bouquets leur tige qu’elle cueille,
Sur les genoux d’Harold en jouant les effeuille.

Du Pinde et de l’Œta les sommets escarpés,
Des derniers traits du jour à cette heure frappés,
Élevaient derrière eux leurs vastes pyramides,
D’où le soleil, brillant sur des neiges limpides,
Faisait jaillir au loin ses reflets colorés,
Et, creusant en sillons des nuages dorés,
Comme un navire en feu voguant dans les orages,
Semblait près d’échouer sur ces sublimes plages.
S’abaissant par degrés de coteaux en coteaux,
Les racines des monts se perdaient sous les eaux :
Là, comme un second ciel la mer semblait s’étendre,
Et reposait les yeux dans un azur plus tendre ;
L’Aracynthe y jetait son ombre loin du bord,
Et, se perdant au loin dans son golfe qui dort,
Ses neiges, ses forêts, et ses côtes profondes,
Flottaient au gré du vent dans le miroir des ondes,
La mer des alcyons, si douce aux matelots,
En sillons écumeux ne roulait point ses flots ;
Une brise embaumée en ridait la surface ;
La vague, sous la vague expirant avec grâce,
N’élevait sur ses bords ni murmure ni voix :
Seulement, sur son sein bondissant quelquefois,
Un flot, qui retombait en brillante poussière,
Semait sur l’Océan un flocon de lumière.
Fuyant avec le jour sur les déserts de l’eau,
Le vent arrondissait le dôme d’un vaisseau,
Ou faisait frissonner, sous le mât qu’il incline,
Le triangle flottant d’une voile latine
Que le soleil dorait de son dernier rayon,
Comme un léger nuage au bord de l’horizon.