Élevez-vous dans le silence
À l’heure où dans l’ombre du soir
La lampe des nuits se balance,
Quand le prêtre éteint l’encensoir !
Élevez-vous au bord des ondes,
Dans ces solitudes profondes
Où Dieu se révèle à la foi !
Chantez dans mes heures funèbres :
Amour, il n’est point de ténèbres,
Point de solitude avec toi !
Je ne suis plus qu’une pensée,
L’univers est mort dans mon cœur,
Et sous cette cendre glacée
Je n’ai trouvé que le Seigneur.
Qu’il éclaire ou trouble ma voie,
Mon cœur, dans les pleurs ou la joie,
Porte celui dont il est plein :
Ainsi le flot roule une image,
Et des nuits le dernier nuage
Porte l’aurore dans son sein.
Qu’il est doux de voir sa pensée,
Avant de chercher ses accents,
En mètres divins cadencée,
Monter soudain comme l’encens ;
De voir ses timides louanges,
Comme sur la harpe des anges,
Éclore en sons dignes des cieux,
Et jusqu’aux portes éternelles
S’élever sur leurs propres ailes
Avec un vol harmonieux !
Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 2.djvu/238
Apparence
Cette page a été validée par deux contributeurs.
237
ET RELIGIEUSES.