Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 2.djvu/245

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
244
HARMONIES POÉTIQUES


Mon âme n’est point lasse encore
D’admirer l’œuvre du Seigneur ;

Les élans enflammés de ce sein qui l’adore

N’avaient pas épuisé mon cœur.


Dieu du jour ! Dieu des nuits ! Dieu de toutes les heures !
Laisse-moi m’envoler sur les feux du soleil !
Où va vers l’occident ce nuage vermeil ?
Il va voiler le seuil de tes saintes demeures,
Où l’œil ne connaît plus la nuit ni le sommeil !
Cependant ils sont beaux à l’œil de l’espérance
Ces champs du firmament ombragés par la nuit
Mon Dieu ! dans ces déserts mon œil retrouve et suit

Les miracles de ta présence !


Ces chœurs étincelants que ton doigt seul conduit,
Ces océans d’azur où leur foule s’élance,
Ces fanaux allumés de distance en distance,
Cet astre qui paraît, cet astre qui s’enfuit,
Je les comprends, Seigneur ! Tout chante, tout m’instruit
Que l’abîme est comblé par ta magnificence,
Que les cieux sont vivants, et que ta providence
Remplit de sa vertu tout ce qu’elle a produit !

Ces flots d’or, d’azur, de lumière,

Ces mondes nébuleux que l’œil ne compte pas,

Ô mon Dieu, c’est la poussière
Qui s’élève sous tes pas !

Ô nuits, déroulez en silence
Les pages du livre des cieux ;
Astres, gravitez en cadence
Dans vos sentiers harmonieux ;