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LA MORT

Sur ce globe déchu le mal et le trépas
Sont nés le même jour : Dieu ne les connaît pas !
Soit qu’un attrait fatal, une coupable flamme
Ait attiré jadis la matière vers l’âme ;
Soit plutôt que la vie, en des nœuds trop puissants
Resserrant ici-bas l’esprit avec les sens,
Les pénètre tous deux d’un amour adultère,
Ils ne sont réunis que par un grand mystère.
Cette horrible union, c’est le mal : et la mort,
Remède et châtiment, la brise avec effort.
Mais, à l’instant suprême où cet hymen expire,
Sur les vils éléments l’âme reprend l’empire,
Et s’envole, aux rayons de l’immortalité,
Au monde du bonheur et de la vérité ! »





« — Connais-tu le chemin de ce monde invisible ?
Dit Cébès : à ton œil est-il donc accessible ?
— Mes amis, j’en approche ; et pour le découvrir…
— Que faut-il ? dit Phédon. ― Être pur, et mourir !

» Dans un point de l’espace inaccessible aux hommes,
Peut-être au ciel, peut-être aux lieux même où nous sommes,
Il est un autre monde, un Élysée, un ciel,
Que ne parcourent pas de longs ruisseaux de miel,
Où les âmes des bons, de Dieu seul altérées,
D’un nectar éternel ne sont pas enivrées,
Mais où les mânes saints, les immortels esprits,
De leurs corps immolés vont recevoir le prix.
Ni la sombre Tempé, ni le riant Ménale,
Qu’enivre de parfums l’haleine matinale,