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Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 2.djvu/279

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HARMONIES POÉTIQUES

Les fruits tombés de l’arbre à relever ; l’essaim
Débordant de la ruche à rappeler soudain,
La branche à soulager du fardeau qui l’accable,
Ou la source égarée à chercher sous le sable ;
Puis le pauvre qui vient tendre à vide sa main,
Où tombe au nom de Dieu son obole ou son pain ;
La veuve qui demande, aux cœurs exempts d’alarmes,
Cette aumône du cœur, une larme à ses larmes ;
L’ignorant, un conseil que l’espoir embellit ;
L’orphelin, du travail, et le malade, un lit ;
Puis sous l’arbre, à midi, dont l’ombre les rassemble,
Maîtres et serviteurs qui consultent ensemble
Sur le ciel qui se couvre ou le vent qui fraîchit,
Sur le nuage épais que la grêle blanchit,
Les rameaux tout noircis par la dent des chenilles,
Ou la ronce aux cent bras qui trompe les faucilles ;
Puis montent des enfants à qui, seule au milieu,
La mère de famille apprend le nom de Dieu,
Enseigne à murmurer les mots dans son symbole,
À fixer sous leurs doigts le nombre et la parole,
À filer les toisons du lin ou des brebis,
Et du fil de leur veille à tisser leurs habits.

De labeur en labeur l’heure à l’heure enchaînée
Vous porte sans secousse au bout de la journée ;
Le jour plein et léger tombe, et voilà le soir :
Sur le tronc d’un vieux orme au seuil on vient s’asseoir ;
On voit passer des chars d’herbe verte et traînante,
Dont la main des glaneurs suit la roue odorante ;
On voit le chevrier qui ramène des bois
Ses chèvres dont les pis s’allongent sous leur poids,
Le mendiant, chargé des dons de la vallée,
Rentrer le col pliant sous sa besace enflée ;