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COMMENTAIRE


DE LA CINQUIÈME HARMONIE




Qui n’a pas senti les voluptés du retour dans le site où l’on a passé son enfance, et dans les habitudes de sa première vie ?

Je venais de vivre plusieurs années à l’étranger, dans d’autres lieux, dans d’autres mœurs, dans d’autres pensées. J’eus un congé en 1829, je revins pendant l’été à Saint-Point. Ma mère vivait, et venait souvent habiter avec moi. Son âme, comme une journée d’été, s’embellissait des teintes du soir ; sa piété sereine et toute composée de bénédiction, de reconnaissance et d’espérance, était involontairement communicative ; sa présence éclairait, vivifiait, sanctifiait la maison.

Un jour, elle était assise sous un grand cerisier dans le verger en pente, en face du petit balcon de bois que j’avais construit pour descendre de ma tour dans le jardin. C’était un dimanche après vêpres. Mon enfant jouait à ses pieds avec des fleurs et des oiseaux que les petites filles du village lui avaient apportés ; ma femme lisait à côté ; sa mère, excellente femme, plus âgée que