Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 2.djvu/329

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À cette image du repos.

Que ne peut-elle, ô mer, sur tes bords qu’elle envie,
Trouver comme ta vague un golfe dans la vie,

Pour s’endormir avec tes flots !

Mais quel bruit m’arrache à ce songe ?

C’est l’airain frémissant dans les tours des cités,
Le roulement des chars qu’un sourd écho prolonge,
Le marteau qui retombe à coups précipités,
L’enclume qui gémit, les coursiers qui hennissent,
Les instruments guerriers qui tonnent ou frémissent,
Des pas, des cris, des chants, des murmures confus,
Et des vaisseaux partants les roulantes volées,

Et des clameurs entremêlées
De silences interrompus !


L’air, chargé de ces sons qu’il emporte sur l’onde,
Et que chaque minute étouffe et reproduit,
Semble, comme une mer où la tempête gronde,
Rouler des flots de voix et des vagues de bruit !

Voilà donc le séjour d’un peuple, et le murmure

De ces innombrables essaims

Que la terre produit et dévore à mesure,
De leur vaine existence, hélas ! encor si vains !
Tandis que la nature et les astres sommeillent

Dans un repos silencieux,

Aux lueurs des flambeaux ces insectes qui veillent
Troublent seuls de leur bruit les mystères des cieux.
Ils veillent ; et pourquoi ? pour que je les entende,
Pour que le bruit qu’ils font revienne les frapper,