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De toi, Seigneur, être de l’être !
Vérité, vie, espoir, amour !
De toi que la nuit veut connaître,
De toi que demande le jour,
De toi que chaque son murmure,
De toi que l’immense nature
Dévoile et n’a pas défini,
De toi que ce néant proclame,
Source, abîme, océan de l’âme,
Et qui n’as qu’un nom : l’Infini !

Ici-bas, toute créature
Entend tes sublimes accents,
Ô langue ! et, selon sa mesure,
En pénètre plus loin le sens !
Mais plus notre esprit, qu’elle atterre,
En dévoile le saint mystère,
Plus du monde il est dégoûté ;
Un poids accable sa faiblesse,
Une solitaire tristesse
Devient sa seule volupté.

Ainsi, quand notre humble paupière,
Contemplant l’occident vermeil,
Fixe au terme de sa carrière
Le lit enflammé du soleil,
Le regard qu’éblouit sa face
Retombe soudain dans l’espace,
Comme frappé d’aveuglement ;
Il ne voit que des points funèbres,
Vide, solitude et ténèbres
Dans le reste du firmament !