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Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 2.djvu/336

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COMMENTAIRE


DE LA DIXIÈME HARMONIE




C’était en 1824. Je voyageais entre Gênes et la Spezia pendant une magnifique nuit d’été. Une lune splendide éclairait la mer. Les pins-parasols, les oliviers, les châtaigniers, les rochers de la côte, obscurcissaient la terre. À chaque tournant de cap, à chaque échancrure de la rive, à chaque embouchure des montagnes de Gênes, la scène changeait. Le vertige de la course fougueuse des chevaux s’ajoutait au vertige de l’admiration pour ce sublime et mystérieux spectacle : les parfums qui s’exhalaient des champs de fleurs cultivées pour ces bouquets dont les Génois ont fait un art, une tapisserie végétale, achevaient de m’enivrer. Ce fut une ivresse de la terre, de la mer et de la nuit, une fièvre d’enthousiasme pour ce beau pays ; je ne songeais pas à rien écrire, j’avais le cœur plein d’autres pensées. Mais, quelques mois après, étant à Livourne, rivage terne et sans poésie, je me souvins de cette nuit sur la corniche, et j’essayai de la reproduire ici.

Hélas ! en lisant un jour ces vers à Chiavari, par une soirée d’été aussi splendide que la première, je m’aperçus que j’avais