Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 2.djvu/363

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
362
HARMONIES POÉTIQUES


Étends sur eux la main de ta clémence !
Ils ont péché ; mais le ciel est un don !
Ils ont souffert ; c’est une autre innocence !
Ils ont aimé ; c’est le sceau du pardon !


Ils furent ce que nous sommes,
Poussière, jouet du vent ;
Fragiles comme des hommes,
Faibles comme le néant !
Si leurs pieds souvent glissèrent,
Si leurs lèvres transgressèrent
Quelque lettre de ta loi,
Ô Père, ô Juge suprême,
Ne vois pas l’homme lui-même,
Ne regarde en lui que toi !

Si tu scrutes la poussière,
Elle s’enfuit à ta voix ;
Si tu touches la lumière,
Elle ternira tes doigts ;
Si ton œil divin les sonde,
Les colonnes de ce monde
Et des cieux chancelleront ;
Si tu dis à l’innocence,
« Monte et plaide en ma présence ! »
Tes vertus se voileront.

Mais toi, Seigneur, tu possèdes
Ta propre immortalité ;
Tout le bonheur que tu cèdes
Accroît ta félicité.