J’ai roulé des milliers de fois cette pensée dans mes yeux et dans mon esprit, en regardant du haut d’un promontoire ou du pont d’un vaisseau le soleil se coucher sur la mer, et plus encore en voyant l’armée des étoiles commencer, sous un beau firmament, sa revue et ses évolutions devant Dieu. Quand on pense que le télescope d’Herschel a compté déjà plus de cinq millions d’étoiles ; que chacune de ces étoiles est un monde plus grand et plus important que ce globe de la terre ; que ces cinq millions de mondes ne sont que les bords de cette création ; que si nous parvenions sur le plus éloigné, nous apercevrions de là d’autres abîmes d’espace infini comblés d’autres mondes incalculables, et que ce voyage durerait des myriades de siècles, sans que nous pussions atteindre jamais les limites entre le néant et Dieu, on ne compte plus, on ne chante plus ; on reste frappé de vertige et de silence, on adore, et l’on se tait.