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ET RELIGIEUSES.


Les images de ma jeunesse
S’élèvent avec cette voix ;
Elles m’inondent de tristesse,
Et je me souviens d’autrefois.

Dans combien de soucis et d’âges,
Ô toi que j’entends murmurer,
N’ai-je pas cherché tes rivages
Ou pour jouir ou pour pleurer ?

À combien de scènes passées
Ton bruit ne s’est-il pas mêlé ?
Que de fois mes tristes pensées
Avec tes ondes ont coulé !

Oui, c’est moi que tu vis naguères,
Mes blonds cheveux livrés au vent,
Irriter tes vagues légères,
Faites pour la main d’un enfant.

C’est moi qui, couché sous les voûtes
Que ces arbres courbent sur toi,
Voyais, plus nombreux que tes gouttes,
Mes songes flotter devant moi.

L’horizon trompeur de cet âge
Brillait, comme on voit, le matin,
L’aurore dorer le nuage
Qui doit l’obscurcir en chemin.