Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 2.djvu/438

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La Grèce adore les beaux songes
Par son doux génie inventés,
Et ses mystérieux mensonges,
Ombres pleines de vérités.
Il naît sous sa féconde haleine
Autant de dieux que l’âme humaine
A de terreurs et de désirs ;
Son génie, amoureux d’idoles,
Donne l’être à tous les symboles,
Crée un dieu pour tous les soupirs !

Sâhra, sur tes vagues poudreuses,
Où vont, des quatre points des airs,
Tes caravanes plus nombreuses
Que les sables de tes déserts ?
C’est l’aveugle enfant du prophète,
Qui va sept fois frapper sa tête
Contre le seuil de son saint lieu.
Le désert en vain se soulève
Sous la tempête ou sous le glaive :
« Mourons, dit-il ; Dieu seul est Dieu ! »

Sous les saules verts de l’Euphrate,
Que pleure ce peuple exilé ?
Ce n’est point la Judée ingrate,
Les puits taris de Siloé :
C’est le culte de ses ancêtres,
Son arche, son temple, ses prêtres,
Son Dieu qui l’oublie aujourd’hui !
Son nom est dans tous ses cantiques,
Et ses harpes mélancoliques
Ne se souviennent que de lui.