En vain l’opinion qui lutte
Dans son triomphe ou dans sa chute
Entraîne un monde à son déclin ;
Elle brille sur sa ruine,
Et l’histoire qu’elle illumine
Ravit son mystère au destin !
Elle est la science du sage,
Elle est la foi de la vertu,
Le soutien du faible, et le gage
Pour qui le juste a combattu !
En elle la vie a son juge
Et l’infortune son refuge,
Et la douleur se réjouit.
Unique clef du grand mystère,
Ôtez cette idée à la terre
Et la raison s’évanouit !
Cependant le monde, qu’oublie
L’âme absorbée en son auteur,
Accuse sa foi de folie,
Et lui reproche son bonheur :
Pareil à l’oiseau des ténèbres
Qui, charmé des lueurs funèbres,
Reproche à l’oiseau du matin
De croire au jour qui vient d’éclore,
Et de planer devant l’aurore,
Enivré du rayon divin.
Mais qu’importe à l’âme qu’inonde
Ce jour que rien ne peut voiler ?
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