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Léon X, de la maison d’Horace, à Tibur, à la maison de Raphaël. Poëtes, peintres, historiens, grands hommes, tout passait confusément devant moi ; je n’arrêtais un moment que ceux qui m’intéressaient davantage ce jour-là.

Vers onze heures, je rentrais dans ma petite cellule de la maison du peintre, pour déjeuner. Je mangeais, sur ma table de travail et tout en lisant, un morceau de pain et de fromage. Je buvais une tasse de lait ; puis je travaillais, je notais, j’écrivais jusqu’à l’heure du dîner. La femme et la fille de mon hôte le préparaient elles-mêmes pour nous. Après le repas, je repartais pour d’autres courses et je ne rentrais qu’à la nuit close. Quelques heures de conversation avec la famille du peintre et des lectures prolongées longtemps dans la nuit achevaient ces paisibles journées. Je ne sentais aucun besoin de société. Je jouissais même de mon isolement. Rome et mon âme me suffisaient. Je passai ainsi tout un long hiver, depuis le mois d’octobre jusqu’au mois d’avril suivant, sans un jour de lassitude ou d’ennui. C’est au souvenir de ces impressions que dix ans après j’écrivis des vers sur Tibur.


VI


Maintenant, quand je recherche bien dans ma pensée toutes mes impressions de Rome, je n’en trouve que deux qui effacent, ou qui, du moins, dominent toutes les autres : le Colisée, cet ouvrage du peuple romain ; Saint-Pierre, ce chef-d’œuvre du catholicisme. Le Colisée est la trace gigantesque d’un peuple surhumain, qui élevait, pour son orgueil et ses plaisirs féroces, des monu-