Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 29.djvu/24

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par le temps, attirent l’œil et la pensée du voyageur qui descend vers la Provence ou vers l’Italie, sur les bateaux à vapeur dont la rivière est tout le jour sillonnée. Au-dessous de ces ruines de la cathédrale antique s’étendent, sur une longueur d’une demi-lieue, de longues files de maisons blanches et des quais où l’on débarque et où l’on embarque les marchandises du midi de la France et les produits des vignobles mâconnais. Le haut de la ville, que l’on n’aperçoit pas de la rivière, est abandonné au silence et au repos. On dirait d’une ville espagnole. L’herbe y croît l’été entre les pavés. Les hautes murailles des anciens couvents en assombrissent les rues étroites. Un collège, un hôpital, des églises, les unes restaurées, les autres délabrées et servant de magasins aux tonneliers du pays ; une grande place plantée de tilleuls à ses deux extrémités, où les enfants jouent, où les vieillards s’assoient au soleil dans les beaux jours ; de longs faubourgs à maisons basses qui montent en serpentant jusqu’au sommet de la colline, à l’embouchure des grandes routes ; quelques jolies maisons dont une face regarde la ville, tandis que l’autre est déjà plongée dans la campagne et dans la verdure ; et, aux alentours de la place, cinq ou six hôtels ou grandes maisons presque toujours fermées, qui reçoivent, l’hiver, les anciennes familles de la province : voilà le coup d’œil de la haute ville. C’est le quartier de ce qu’on appelait autrefois la noblesse et le clergé ; e’est encore le quartier de la magistrature et de la propriété. Il en est de même partout : les populations descendent des hauteurs pour travailler, et remontent pour se reposer. Elles s’éloignent du bruit dès qu’elles ont le bien-être.

A l’un des angles de cette place, qui était avant la révolution un rempart, et qui en conserve le nom, on voit