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de mon grand-père et de ma grand-mère et par les larmes de Cecco. Elle a entrouvert un peu la porte ; elle lui a tendu la main ; il a passé une bague à son doigt et elle a promis qu’elle se laisserait fiancer demain. Mais qui sait si demain elle n’aura pas un nouveau caprice ? Elle qui était si douce et si gaie ! Mon Dieu ! qu’elle a changé ! Vous ne la reconnaîtriez plus !… »


XII


Beppino se coucha dans la barque. Instruit ainsi par lui de ce qui s’était passé, j’entrai dans la maison.

Andréa et sa femme étaient seuls sur l’astrico. Ils me revirent avec amitié et me comblèrent de reproches tendres sur mon absence si prolongée. Ils me racontèrent leurs peines et leurs espérances touchant Graziella. « Si vous aviez été là, me dit Andréa, vous qu’elle aime tant et à qui elle ne dit jamais non, vous nous auriez bien aidés. Que nous sommes contents de vous revoir ! C’est demain que se font les fiançailles ; vous y serez ; votre présence nous a toujours porté bonheur. »

Je sentis un frisson courir sur tout mon corps à ces paroles de ces pauvres gens. Quelque chose me disait que leur malheur viendrait de moi. Je brûlais et je tremblais de revoir Graziella. J’affectai de parler haut à ses parents, de passer et de repasser devant sa porte comme quelqu’un qui ne veut pas appeler mais qui désire être entendu. Elle resta sourde, muette, et ne parut pas. J’entrai dans ma chambre et je me couchai. Un certain calme que produit toujours dans l’âme agitée la cessation du doute et la certitude de quoi que ce soit, même du