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Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 29.djvu/348

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sières, paroisse dont Milly relevait et n’était qu’un hameau.

J’ai parlé, dans le récit des premières impressions de mon enfance, d’un jeune vicaire qui apprenait le catéchisme et le latin aux enfants du village, chez le vieux curé de Bussières, et qui, répugnant par sa nature et par son âge à cette pédagogie puérile à laquelle il était condamné, laissait là avec dégoût le livre et la férule, et, prenant ses chiens en laisse et son fusil sur l’épaule, s’échappait du presbytère avant que l’aiguille eût marque l’heure de la fin de la leçon, et allait achever la journée dans les champs et dans les bois de nos montagnes. J’ai dit qu’il se nommait l’abbé Dumont ; que le presbytère paraissait être pour lui plutôt une maison paternelle qu’un vicariat de village ; que sa mère âgée, mais encore belle et gracieuse, gouvernait la cure de temps immémorial ; qu’il y avait quelque parenté mal définie entre le vieux curé et le jeune vicaire ; que cette parenté lointaine donnait à celui-ci l’attitude d’un fils plus que d’un commensal dans la maison.

Enfin, j’ai raconté comment l’évêque de Mâcon, homme de mœurs faciles et raffinées autant qu’homme de lettres et d’étude, avait pris dans son palais le jeune adolescent, et l’avait fait élever dans toutes les habitudes, dans toutes les libertés et dans toutes les élégances de la société très-mondaine dont son palais épiscopal était le contre avant la révolution. La révolution avait dispersé cette société, confisqué le palais, emprisonné l’évêque et renvoyé le jeune secrétaire du sein de ce luxe et de ces délices dans le pauvre presbytère de Bussières. Le vieux curé était mort. Le jeune homme s’était fait prêtre ; la cure avait passé comme un héritage au jeune ecclésiastique.