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donne, aux fiançailles et aux baptêmes, au ministre de ces saintes cérémonies.

A la nuit tombante, il allumait une chandelle de suif ou un reste de cierge de cire jaune rejeté des candélabres de l’autel. Après quelques moments de lecture ou de causerie, la nièce mettait la nappe sur cette table débarrassée de l’encre, des livres et des papiers. On apportait le souper.

C’était ordinairement du pain bis et noir mêlé de seigle et de son. Quelques œufs des poules de la basse cour frits dans la poële et assaisonnés d’un filet de vinaigre. De la salade ou des asperges du jardin. Des escargots ramassés à la rosée sur les feuilles de vigne et cuits lentement dans une casserole, sous la cendre. De la courge gratinée mise au four dans un plat de terre, les jours où l’on cuisait le pain, et de temps en temps ces poules vieilles, maigres et jaunes que les pauvres jeunes femmes des montagnes apportent en cadeaux aux curés les jours de relevailles, en mémoire des colombes que les femmes de Judée apportaient au temple dans les mêmes occasions. Enfin quelques lièvres ou quelques perdrix, récolte de la chasse du matin. On y servait rarement d’autres mets. La pauvreté de la maison ne permettait pas à la mère d’aller au marché. Ce frugal repas était arrosé de vin rouge ou blanc du pays ; les vignerons le donnent au sacristain, qui va quêter, de pressoir en pressoir, au moment des vendanges. Le repas se terminait par quelques fruits des espaliers dans la saison et par de petits fromages de chèvre blancs, frais, saupoudrés de sel gris, qui donnent soif, et qui font trouver le vin bon aux sobres paysans de nos vallées.

L’abbé Dumont, bien qu’il n’eût pas la moindre sensualité de table, ne dédaignait pas, pour soulager sa