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COMMENTAIRE


DE LA PREMIÈRE HARMONIE




Écrite à Florence en 1828. À l’heure où la chancellerie de l’ambassade se fermait, après les dépêches écrites, je montais à cheval sur le quai de l’Arno ; je sortais de la ville par une de ces belles portes antiques qui conduisent aux campagnes voisines ; j’errais seul entre les haies de figuiers, d’oliviers, de cyprès, qui revêtent ces collines d’une draperie un peu pâle, mais douce aux yeux, et j’écoutais en moi les inspirations fugitives, mais presque toujours pieuses, qui me montaient de cette terre au cœur. Le soleil couché, je rentrais par les longues rues sombres, pavées de dalles retentissantes, et toutes embaumées par l’odeur de résine qui s’exhale des charpentes des maisons et des palais de Florence, faites de bois de cyprès. J’écrivais alors, de temps en temps, quelques-unes des inspirations qui m’étaient restées dans la mémoire ; puis j’allais au théâtre assoupir mon âme et laisser ravir mes sens aux sons de la poésie de Rossini, ce cantique sans paroles dont une seule note vaut tous nos vers.

J’avais connu Rossini en 1820, à Naples, pendant la révolution, chez la jeune duchesse d’Albe. Il était alors pauvre et