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Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 3.djvu/121

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Ah ! ton rêve est un rêve,
Ami ; ce rien est tout !
Ta vie a trop de séve
Mais attends : l’âge enlève
L’ivresse et le dégoût.

Plus, hélas ! sur la terre
L’homme compte de jours,
Plus la route est sévère,
Et plus le cœur resserre
Sa vie et ses amours.

Fuis ces champs de bataille,
Où l’insecte pensant
S’agite et se travaille
Autour d’un brin de paille
Qu’écrase le passant !

Je sais sur la colline
Une blanche maison ;
Un rocher la domine,
Un buisson d’aubépine
Est tout son horizon.

Là jamais ne s’élève
Bruit qui fasse penser :
Jusqu’à ce qu’il s’achève,
On peut mener son rêve
Et le recommencer.