Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 3.djvu/233

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Un arbuste épineux, à la pâle verdure,
Est le seul monument que lui fit la nature :
Battu des vents de mer, du soleil calciné,
Comme un regret funèbre au cœur enraciné,
Il vit dans le rocher sans lui donner d’ombrage ;
La poudre du chemin y blanchit son feuillage ;
Il rampe près de terre, où ses rameaux penchés
Par la dent des chevreaux sont toujours retranchés :
Une fleur au printemps, comme un flocon de neige,
Y flotte un jour ou deux ; mais le vent qui l’assiége
L’effeuille avant qu’elle ait répandu son odeur,
Comme la vie avant qu’elle ait charmé le cœur !
Un oiseau de tendresse et de mélancolie
S’y pose pour chanter sur le rameau qui plie !
Oh ! dis, fleur que la vie a fait si tôt flétrir,
N’est-il pas une terre où tout doit refleurir ?

Remontez, remontez à ces heures passées !
Vos tristes souvenirs m’aident à soupirer.
Allez où va mon âme, allez, ô mes pensées !

Mon cœur est plein, je veux pleurer.