Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 3.djvu/342

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
342
SAÜL.

DAVID.

Que dis-tu ?

JONATHAS.

Que dis-tu ? Que demain le combat recommence ;
Qu’aux pieds de Gelboé le Philistin s’avance,
Et que, de toutes parts d’ennemis entourés,
Il faut vaincre ou périr.

DAVID.

Il faut vaincre ou périr. Chers amis, vous vaincrez !
Vous vaincrez, ou David, couché sur la poussière,
Aura mêlé son sang au pur sang de son frère.
Viens, que Saül en moi retrouve enfin son fils.

JONATHAS.

Garde-toi de t’offrir à ses regards surpris !
Crains d’éveiller en lui cette fureur soudaine
Dont le bouillant transport à ton seul nom l’entraîne ;
Attends que ses esprits, par nos soins préparés,
De ses préventions reviennent par degrés ;
Laisse agir de Michol la tendresse prudente ;
Voici l’heure où, quittant le repos de sa tente,
Quand sa douleur fidèle a chassé le sommeil,
Elle vient de Saül attendre le réveil,
Aux forêts, à la nuit confier ses alarmes,
Adresser au Seigneur sa prière et ses larmes,
Et se plaignant au ciel, sans accuser son roi,
Lui présenter les vœux qu’elle forme pour toi !