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Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 3.djvu/344

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SAÜL

T’offrir, sans se lasser de tes cruels refus,
Des vœux toujours soumis et jamais entendus.
Vois en pitié ce peuple accablé de misère,
Vois en pitié ce roi que poursuit ta colère !
À ce peuple abattu rends la vie, ô Seigneur,
Rends ta force à Saül, et David à mon cœur.
(Elle se relève.)
Quoi ! le ciel aurait-il écouté ma prière ?
Ma prière a rendu ma douleur moins amère :
Il semble qu’en mon cœur une invisible main
Verse un baume inconnu qui rafraîchit mon sein !
Quel pouvoir assoupit le feu qui me dévore ?
Est-ce un premier regard de ce Dieu que j’implore ?
Est-ce un rayon d’espoir qui descend dans mon cœur ?
Mais pour moi l’espérance, hélas ! n’est qu’une erreur.
(Avec plus d’abattement)
Ô David ! que fais-tu ? dans quel climat barbare
Gémis-tu, loin de moi, du sort qui nous sépare ?
Quels monts ou quels rochers cachent tes tristes jours ?
Dans quel désert languit l’objet de mes amours ?
Seul, au fond des forêts, peut-être à la même heure
Il lève au ciel ses mains, il m’appelle, il me pleure ?
Il pleure, et nos soupirs, autrefois confondus,
Emportés par les vents, ne se répondent plus.
Ah ! pour moi, jusqu’au jour où la main de mon père
Aura fermé mes yeux lassés de la lumière,
Redemandant David et lui tendant les bras,
Mes yeux de le pleurer nese lasseront pas.

JONATHAS, s’avançant vers Michol.

Épouse de David, que le Dieu de nos pères
Vous comble dans ce jour de ses bontés prospères !