Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 3.djvu/450

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Mais ses titres d’honneur sont partout déroulés :
Regarde avec respect ses membres mutilés !
Ce nom, comme les noms des Dunois, des Xaintrailles,
A germé tout à coup sur vingt champs de batailles :
J’aime mieux, pour orner le bandeau qui me ceint,
Un grand nom qui surgit qu’un vieux nom qui s’éteint !

L’ARCHEVÊQUE.

Quel est ce maréchal qui d’une main frappée
Cherche en vain à presser le pommeau d’une épée ?
L’étoile des héros étincelle sur lui,
Et son bâton d’azur semble être son appui.

LE ROI.

C’est le second Bayard ! c’est Victor ! c’est Bellune !
Plus brave que son nom, plus grand que sa fortune !
Partout où la patrie a des coups à pleurer,
Son corps, rempart vivant, est là pour les parer,
Et, fidèle au malheur encor plus qu’à la gloire,
Ses revers ont toujours l’éclat d’une victoire !

L’ARCHEVÊQUE.

Et celui qui soutient de son bras triomphant
Les pas tremblants encor de ce royal enfant,
Et qui d’un œil de père, en regardant son maître,
Semble dire en son cœur : « C’est moi qui l’ai vu naître ! »
Quel est-il ?

LE ROI.

Quel est-il ? Un soldat : le nom d’Albuféra
Illustre encor celui que l’Espagne pleura