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Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 3.djvu/485

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NOTE CINQUIÈME


(Page 463)


Sois sacré ! tu deviens, par ce royal mystère,
Le maître de la terre,
Le serviteur de Dieu !


À partir de la fin du quatorzième siècle, le sacre a constamment passé pour une cérémonie sinon indifférente, du moins indépendante de l’exercice de tous droits et de toutes prérogatives ultramontaines ou sociales. L’héritier du trône, saisi du titre de roi dès le ventre de sa mère, a toujours été réputé roi par la seule force et dans toute la plénitude de son droit héréditaire, sans que le défaut ou l’accomplissement de l’onction pût ni le fortifier, ni l’affaiblir, ni rien changer à l’effet de la puissance royale, avant comme après la solennité. Mais on a continué d’y respecter ce caractère auguste qu’y imprime la religion. Nous n’avons pas d’exemple qu’un roi de France ait dédaigné ou négligé de se conformer à cet antique usage, lors même qu’il a cessé d’être un sujet d’obligation politique, jusqu’au successeur de l’infortuné Louis XVI, qui était hors d’état de se faire sacrer. Il n’est pas un de nos princes qui ne se soit fait un pieux devoir d’appeler la bénédiction du ciel sur les prémices de son règne, et de courber publiquement son front aux pieds du souverain maître des em-