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Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 3.djvu/53

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Chaque instinct à ton joug nous lie ;
L’homme naît, vit, meurt avec toi :
Chacun des anneaux de sa vie,
Ô Christ, est rivé par ta foi !
Souffrant, ses pleurs sont une offrande ;
Heureux, son bonheur te demande
De bénir sa prospérité ;
Et le mourant que tu consoles
Franchit, armé de tes paroles,
L’ombre de l’immortalité !

Tu gardes, quand l’homme succombe,
Sa mémoire après le trépas,
Et tu rattaches à la tombe
Les liens brisés ici-bas ;
Les pleurs tombés de la paupière
Ne mouillent plus la froide pierre ;
Mais, de ces larmes s’abreuvant,
La prière, union suprême,
Porte la paix au mort qu’elle aime,
Rapporte l’espoir au vivant !

Prix divin de tout sacrifice,
Tout bien se nourrit de ta foi :
De quelque mal qu’elle gémisse,
L’humanité se tourne à toi.
Si je demande à chaque obole,
À chaque larme qui console,
À chaque généreux pardon,
À chaque vertu qu’on me nomme :
En quel nom consolez-vous l’homme ?
Ils me répondent : « En son nom ! »