fades à des Amaryllis de fantaisie ou à des beautés de cour. Rien ! Voilà Pascal : des polémiques scolastiques sur des raffinements de dogmes inintelligibles au simple bon sens, ou quelques pensées sublimes d’expression, mais sublimes comme l’abîme est sublime d’inconnu, de profondeur, de désespoir ! Ce livre ferait des fous s’il ne faisait pas des anachorètes ! Rien ! Voilà Bossuet : langue prophétique, éloquence biblique, histoire systématique, faisant rouler les mondes autour d’une peuplade de désert, orateur tonnant sur la tête des rois, mais faisant luire avec une complaisance à la fois sévère et habile ses éclairs sur les cours, et ne foudroyant que le peuple qu’il livre corps et âme au moderne Cyrus ; un choix des fragments, des échantillons du génie de la langue et du discours. Rien autre ! Voilà Fénelon : beaucoup à prendre dans Télémaque et dans les Correspondances : l’âme religieuse, la philosophie humaine, la grâce, l’onction, l’odeur de vertu ; mais des pages, et pas de livre pour le peuple ! Voilà Corneille : mais c’est un génie politique et résumeur, qui éclate trop haut pour le cœur humain. Quelques scènes, quelques maximes, quelques explosions en vers ! Rien de plus. Le peuple vit de détails de sentiments et non de résumés. Le génie, pour lui, est dans l’âme ; celui de Corneille est comme celui de Tacite, dans le mot ! Voilà Racine : celui-là était né pour devenir le poëte du peuple ; malheureusement, il n’y avait pas de peuple de son temps. Les cours l’ont pris, elles le gardent. On ne peut extraire de lui pour les masses que ses deux tragédies bibliques, Athalie et Esther, parce que là sa poésie s’est faite populaire en se faisant religieuse. Le reste est aux salons.
« Voilà Voltaire : esprit encyclopédique, mais toujours esprit, bon sens, lumière, critique, satire, finesse, raillerie, enjouement, quelquefois cynisme ! Jamais âme, ten-