quelques jours, en prison. On aura égard à votre repentir et à votre aveu. »
« Il écrivit. Il sonna une sonnette qui était là sur ses papiers, comme la sonnette du prêtre sur le coin du marchepied de l’autel. Il entra un homme noir avec une chaîne d’argent sur son gilet. « Huissier, dit-il, conduisez cette fille en prison ; voilà son écrou. Attendez, dit-il encore, voici la mise en liberté de la sage-femme de Voiron. » Le monsieur noir prit les deux papiers, me fit monter dans une voiture qui était sur la place, et me conduisit poliment en prison.
« La pauvre sage-femme, monsieur, pleura plus en en sortant que je ne pleurai en y entrant. Elle avait plus de compassion pour moi que d’elle-même.
« Je restai environ six semaines en prison. On m’avait mis, au commencement, dans le même dortoir et dans le même préau qu’un tas de mauvaises femmes et de filles perdues qui faisaient horreur à voir et à entendre. Ah ! monsieur, le fumier de la cour est plus propre que ce préau de prison ! j’en ai mal au cœur rien que d’y penser, quoi !
« — Qu’est-ce que tu as fait, toi ? qu’elles se disaient les unes aux autres. — Moi, j’ai pris des enfants égarés et je les ai fait pâlir de faim, transir de froid, et je les ai torturés sous leurs habits pour les faire crier et pour exciter l’aumône des passants. — Moi, j’ai fait ceci. — Moi, j’ai fait cela. — Moi, j’en ferais bien davantage si j’étais dehors. »
« — Toutes, à l’enchère les unes des autres, parlaient du