Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 30.djvu/358

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de noces avant de se fiancer avec… avec Cyprien, monsieur ! Oui, et même cette robe qu’elle porte encore aujourd’hui, c’est moi qui l’ai faite… je la reconnais, quoique usée… Miséricorde ! où la colère du Seigneur m’a-t-elle jetée ! Ô mon bon ange ! couvrez-moi de vos ailes, rendez-moi invisible, et dérobez ma misère et mon humiliation à celle qui jouit justement de la richesse, de la bonne renommée et du bonheur que j’ai eus sous la main, et que j’ai perdus en trahissant Cyprien ! »


CVIII


« Je me dis tout cela et mille autres choses, monsieur, plus vite que les paroles n’auraient pu se dire sur mes lèvres. C’était un assaut de pensées qui se renversaient les unes les autres dans ma tête, et qui me donnaient le vertige comme au bord du grand abîme en montant ici. Je rougissais, je pâlissais, je me mordais les lèvres, je me pinçais les bras pour me faire souvenir de ne pas crier. J’étais pétrifiée comme la statue de sel de ma Bible, ou plutôt je ne savais pas ce que j’étais ; mon cœur battait et ne battait plus ; j’étais une morte debout, quoi !

« — Ah ! pauvre Geneviève ! quelle situation affreuse, en effet ! lui dis-je en passant le revers de ma main sur mes yeux.