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dans le paradis. Si ces gens-là ne veulent pas vous rendre justice, venez chez moi, moi je vous prendrai comme ma fille, et je me glorifierai devant tout Voiron de partager mon lit et mon pain avec la plus honnête et la plus pure fille du pays ! »


CXVI


« Personne ne disait rien, et tout le monde pleurait, comme monsieur ; Cyprien se mit à genoux à ma place. « Pardonnez-nous, me dit-il, de vous avoir méconnue, mam’selle Geneviève. C’est vous qui l’avez voulu. Quelque chose me disait bien toujours là qu’il devait y avoir un mystère là-dessous, et qu’en me disant adieu sur le pont vous n’aviez pas l’intention de vous moquer de mon amitié et de me trahir. Mais que voulez-vous ? il faut pardonner à mon père et à ma mère d’avoir été trompés. Quand il y a des brouillards sur la plaine, ça devient des nuages sur la montagne. Nous n’y avons pas vu clair avant le jour d’aujourd’hui. Mais v’là ma femme, dit-il en me l’amenant, qui vous aimera bien, et ma mère, et mon père, qui vous traiteront comme une fille retrouvée ; moi je serai pour vous comme votre frère le soldat, s’il était rentré au pays. J’ai déjà deux enfants, je vais en avoir un troisième peut-être cette nuit, c’est pour cela que la sage-femme est ici ; ça s’est trouvé comme par miracle ! Dieu est Dieu, voyez-vous ! ce que les gens d’en bas appellent des rencontres, nous autres d’en haut nous l’appelons la Providence ! Ma mère est âgée, mon père est las, Catherine a trop de ses trois enfants à soigner, sans compter ceux qui pourront venir ; nous avons besoin d’une servante à la maison.