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Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 30.djvu/430

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« Mais il ne s’agit pas de cela, continua Geneviève en parlant bas à Luce et en l’emmenant à l’écart dans la chambre ; si on vous disait à qui est véritablement le petit, le rendriez-vous comme vous avez rendu le bien à la famille de Jean ?

« — Ah ! dame, dit Luce en levant les bras au ciel, je le voudrais bien, mais je ne serais pas maîtresse. On rend le bien à qui il appartient, mais on ne peut pas rendre son cœur. »

Geneviève, toujours tourmentée de l’idée d’approfondir le mystère de l’origine du petit et de retrouver dans Bastien le fils de Josette, emmena Luce à l’écart dans la cour, s’assit avec elle sur la dernière marche de l’escalier, demanda à l’enfant les cheveux et les signes de reconnaissance qu’il portait attachés à son cou dans l’étui de fer-blanc, les plaça sur les genoux de Luce, et, la priant de bien l’écouter, elle lui raconta pendant plus de deux heures son histoire et celle de sa sœur, s’efforçant, autant qu’íl m’était permis de le comprendre par les gestes des deux femmes, de convaincre Luce des droits qu’elle avait par la parenté à la possession de l’enfant. Luce ne répondait rien ; elle paraissait à la fois convaincue et atterrée par les raisons de Geneviève. Enfin les deux femmes se relevèrent pour remonter, avec cette attitude de réflexions indécises et ce pas qui avance et recule, témoignage certain d’un entretien qui a tout agité dans deux âmes et rien conclu.


CLXVII


J’avais suivi de l’œil, moitié par désœuvrement, moitié par intérêt de cœur, l’entretien des deux femmes dans la