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cune d’elles était agitée. J’écoutais sans me mêler à la conversation, si ce n’est quand j’étais interpellé par un regard suppliant de Geneviève.


CLXIX


« Mais enfin, madame, disait Geneviève à la dame étrangère, femme âgée, infirme et dont le costume annonçait un rang distingué, comment avez-vous pu avoir connaissance des rapports de votre neveu avec ma sœur, et de la naissance d’un enfant, fruit de leur amour et d’un mariage clandestin ?

« — De deux manières, mademoiselle, répondit l’étrangère avec une grande assurance et une douce dignité : premièrement, par le prêtre léger et coupable qui, ayant prêté témérairement son sacré ministère à une union illégale et cachée, s’en est repenti, en a fait l’aveu en mourant à son évêque, et l’a prié de faire instruire notre famille de ce fait et de l’existence probable de quelque fruit déshérité de ce mariage ; secondement, par mon pauvre neveu lui-même. Avant la fatale affaire où il succomba, il avait eu le pressentiment de ses dangers, et il avait écrit un testament que j’ai là dans mon portefeuille. Il l’avait confié, en cas de mort, à un soldat de son peloton, fils d’un de nos métayers, et dont la famille habite le même village que nous. Ce soldat, qui ne sait ni lire ni écrire, a attendu son retour dans sa famille pour nous remettre ce papier, dont il ne soupçonnait pas toute l’importance. Cette pièce nous révélait tout. Elle donnait à Josette et à son enfant toute la part d’héritage dont mon neveu pourrait se trouver possesseur à l’heure de son décès. Cette part n’est pas